La
notion de transcendance ne peut être que personnelle, car aucun homme
ne vit intérieurement comme un autre. Tout au plus essaie-t'il de se
calquer sur un groupe qui le sécurise dans son interrogation
existentielle : pourquoi suis-je ?
Plus profondément, cette question concerne l'attitude intérieure
inconsciente de chacun face à la mort. Il s'agit d'un tabou, que les
hommes transforment en philosophie de vie ou en morale. Il semble qu'il
y ait plusieurs niveaux d'appréhension de l'univers :
- les créationnistes qui pensent que la terre a été livrée telle que le
décrivent des livres qu'ils considèrent comme "révélés".
- les créationnistes qui pensent que le dessein d'un Dieu préside à
chaque instant de tout être vivant.
- les évolutionnistes qui pensent que le monde a évolué depuis un big
bang initial et de hasard en hasard face à la nécessité se retrouve
dans sa complexité actuelle. A voir l'harmonie de la vie sur terre, où
il ne fait ni trop chaud, ni trop froid, où l'équilibre écologique est
si subtil entre les espèces, où l'animal a des yeux pour voir, des
oreilles pour entendre et ou l'homme a un cerveau pour avoir la
conscience de lui-même, on ne peut qu'être confondu de tant de
coincidences. Là encore, certains pensent au sens donné par une
Transcendance qui aurait la maîtrise du hasard.
- les évolutionnistes qui pensent que le sens de l'évolution ne peut
être qu'un sens obligatoire, sinon le monde ne pourrait pas être. Si le
monde est ce que nous en percevons aujourd'hui, c'est qu'il est le
produit des seuls embranchements féconds des hasards de l'évolution.
C'est parce l'homme ne se resitue pas dans cette logique qu'il fait
intervenir la Transcendance à un niveau où elle n'a rien à y faire.
«Pour
que le monde soit ce qu'il est, une infinité de mutations ont eu lieu.
Seules les mutations qui orientaient le monde tel qu'il est vivable
aujourd'hui sont à retenir. Il n'y a rien de magique. C'est comme un
labyrinthe. Le monde a constamment eu des choix. La plupart étaient des
impasses qui ne pouvaient conduire à une "vivabilité". Ce n'est
qu'arrivé au bout, lorsque l'on sort du labyrinthe que l'on peut
s'apercevoir que tous les choix réalisés ont conduit à la sortie.
L'homme d'aujourd'hui, avec sa conscience du passé, est sorti du
labyrinthe, alors que dans ce cheminement à l'intérieur du labyrinthe,
il n'a jamais été influencé de l'extérieur. A chaque embranchement, il
a tenté, au hasard et, le plus souvent il s'est trompé. Alors il a
tenté un autre hasard, et encore un autre, jusqu'à ce que ce soit le
bon progrès vers la sortie. La Transcendance ne saurait être le guide
de l'évolution. La seule chose que l'on puisse dire, c'est que le
labyrinthe existe et qu'il y a une sortie, c'est notre conscience du
monde.» [auteur inconnu ?]
Le futur se décline aussi dans la diversité des êtres et des
civilisations, entre ceux qui croient à une religion révélée et ceux
qui n’y croient pas.
- Ceux qui croient à la «terre promise», et qui refuse d’interpréter le
mythe historique comme une promesse à tous les hommes et non pas à un
peuple qui s’auto-sélectionne. Le peuple élu, distingué par la bible,
ne peut être, pour ceux qui ont une religion, que l’ensemble de
l’humanité cherchant à faire de notre terre à tous une terre de bonheur.
- Ceux qui croient en des ré-incarnations ou à la résurrection des
morts, assurant ainsi leur éternité.
- ...
- L’athée qui refuserait l’idée d’une transcendance, et l’agnostique
qui refuserait l’idée d’une religion, d’un savoir qui permettrait un
lien avec la transcendance.
«Je
suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me
persuade que rien n’a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de
mensonges me représente ; je pense n’avoir aucun sens ; je crois que le
corps, la figure, l’étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des
fictions de mon esprit. Qu’est-ce donc qui pourra être estimé véritable
? Peut-être rien autre chose, sinon qu’il n’y a rien au monde de
certain.»
[Descartes,
méditations métaphysiques 1641]