Pérégrinages physiques et métaphysiques

 

 

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Le rotor Lipp est un dérivé du rotor Voigt-Schneider utilisé en lieu et place d'une hélice dans les gros remorqueurs marins.

Le rotor Lipp est un moyen de propulsion équivalent à une hélice de navire. Le principe de propulsion s'approche du principe de la godille ou de la queue de poisson. Les pales d'un rotor Lipp ont un axe vertical qui lui-même engendre un cylindre en se déplaçant. Pour cela, les pales sont montées sous un plateau tournant.

Chaque pale du rotor pivote en fonction de sa position. L'angle que forme la pale avec le lit (la direction) du déplacement est cyclique. Cet angle est tel que la pale est constamment perpendiculaire à la droite qui relie son axe à un point appelé point de commande.

On conçoit que plus le point de commande est éloigné, plus le débattement sera faible. On conçoit aussi qu'à faible vitesse, le débattement soit grand et lent et qu'à grande vitesse, ce débattement soit faible et rapide. Selon la vitesse et l'usage, on déplacera donc le point de commande. L'ensemble tourne à vitesse plus lente que l'hélice.

Si l'on développe le mouvement d'une pale, l'axe de celle-ci suit une sinusoïde et l'incidence de la pale varie dans le même sens.

Comparaison avec d'autres systèmes

Pour sa part, le rotor Voigt-Schneider qui équipe certains gros remorqueurs, possède un point de commande intérieur, ce qui provoque une zône de travail inversée (noeud dans la développée sinusoïde), avec tourbillons et des oscillations de grande amplitude, incompatibles avec une vitesse rapide.

Par comparaison avec le fonctionnement d'une hélice, les pales de celle-ci forment un angle très ouvert avec l'axe du déplacement, ce qui provoque la cavitation, alors que les pales du rotor Lipp ont un débattement oscillant faible dans le lit du déplacement (en silence et sans tourbillons).

Certains prêtent au Voigt-Schneider le mouvement ce godille, alors qu'en fait il fait plutôt la brasse. Le rotor Lipp fait pour sa part un réel mouvement de godille ou de queue de poisson. Si l'on veut comprendre comment un simple mouvement latéral assez lent peut provoquer un déplacement rapide, il faut aller voir dans un aquarium ou alors s'imaginer en patin à roulette.

Rotor directeur (effet gouvernail)

En modifiant d'un même angle les 3 pales, on change la direction du flux, faisant ainsi effet de gouvernail, avec un bon rendement en marche arrière.

En plaçant un second rotor à l'avant, on peut rendre le navire (ou une plateforme) manoeuvrant avec précision dans tous les sens: rotation sur place, translations, marche en crabe.

Mécanique

Le problème mécanique posé pour un rotor à point de commande intérieur est classique. Par contre, le placement d'un point de commande à l'extérieur, à une distance règlable, doit recourir à une astuce bien évidemment brevetée par M. Lipp.

Dans la version actuelle, le plateau tournant est entraîné par un arbre principal lui-même entraîné par un moteur principal. Les pales sont solidaires de cet arbre au travers d'un pignonnage dissymétrique. En effet, en référence au plateau tournant, les pales exécutent à chaque tour de l'arbre principal un tour en sens inverse, avec un effet de retard pendant une moitié de révolution et d'avance pendant l'autre moitié.

Vu de l'extérieur, les pales ont un mouvement de godilles (ou de palmes verticales, ou de queues de poisson).

Le Rotor Lipp ?

Invention trop méconnue.

Trouvé dans la revue "Les cols bleus"

Une affaire de style Godiller est une chose bien trop compliqué pour être enseigné dans les gros livres ou par des orateurs à mentions et à double menton.

C'est tellement une affaire de style pur, et intime, que le godilleur trace en godillant un sillage de guirlandes de signatures répétitives et d'infinis paragraphes de notaires.

Les boucles et ondulations ornementales sont si joyeuses que l'on peut voir dans les remous de l'eau des risettes angéliques et des fossettes furtives.

Chacun godille selon ses capacités et son humeur et c'est un des rares exercices où l'artiste témoigne de son art en tenant bon le manche, même s'il est manchot, pour le meilleur profit des amateurs épatés alignés comme goélands de cérémonie aux postes d'admiration.

C'est une manouvre à la fois ardue et hardie. Pourtant un mouflet tout morveux fait torcher en finesse une lourde pinasse comme une torpille acérée en maniant à l'aise un gros aviron de galère, laisse sur place un malabar à biceps surgonflés à bord d'une prame en acajou des îles touillant de toutes ces forces inutiles un aviron ténu comme un cure-dent.

En général (un mot de biffin), le godilleur ne se réfère qu'à l'horizon de fuite et bourlingue au pif, espèce de radar qu'il a dans le dos, les jambes arquées comme un compas, l'aviron bordé presque à la verticale, les épaules roulant ronds, la main calleuse travaillant le manche comme fait la queue du poisson en allers et retours. Ces huit allongés avec efficacité et élégance sont l'expression même de l'économie nautique.

J'ai connu naguère à l'Alber Ildut de hardis pécheurs de morues et maquereaux rentrant d'Islande ou de l'Aber Wrach. Ils sautaient comme des cabris dans leur doris et faisaient tête en godillant à tout berzingue sur le mastroquet local. Après quelques heures d'incubation, le déhalage était laborieux mais, à peine affalés dans le canot, ayant saisi le manche de l' aviron, lui aussi rond comme une queue de pelle, l'un d'eux se campait à l' arrière, cahin-caha et dans un suroît brumeux.

Alors, la godille, enchantée par les sortilèges de l'onde marine, embrayait d'emblée sa marche hélicoïdale et ramenait à bord, sans les mouiller, les navigateurs de l' entre-deux brumes.

Et j'ai connu aussi le pékin du dimanche, bouffi de vanité. Son mouille-cul tape-à-l'oil dormant sur le fer à deux encablures et ayant cru pouvoir gagner la rive dans son youyou, il n'arrivait qu'à virer en rond tant son aviron tordu s'agitait comme un balai forcené. Pauvre mathurin d'occasion, moqué par la bigaille cruelle. Plus il faisait de ronds dans l'eau et plus ils se tordaient de rire. A force d'application, ce gargouillou a fini un jour par godiller sec et droit. Ca lui est venu d'un coup.

On voit par là, que la godille c'est comme la foi. Si on l'a tant mieux, si on ne l'a pas, il ne faut jamais désespérer. Sainte Anne, la patronne des marins veillent sur un et sur tous également.

Georges Croullebois