
Pérégrinages
physiques et métaphysiques
{c}
Une école des parents
La mission éducative de l'école est large. Au-delà de l'apprentissage
des fondements scientifiques, littéraires, philosophiques, l'école doit
former des citoyens. Plus, elle doit aussi former des hommes et
des femmes, à qui elle doit donner toutes les règles de la vie dans la
société d'aujourd'hui.
La société d'aujourd'hui a ses avantages et ses lacunes, qui sont
nombreuses, à en juger par l'encombrement de la justice, la
désespérance télévisuelle, la fascination de la violence, les problèmes
éthiques, l'indifférence au politique…
Particulièrement, l'éclatement des familles et l'anonymat urbain
laissent les familles démunies dans l'éducation des enfants du premier
âge. La fibre maternelle s'estompe autant que la fibre paternelle. Il
n'y a guère de grands parents, ou d'adultes référents qui permettraient
aux nouveaux parents d'être à la hauteur de la première éducation.
Si tout ne se joue pas avant six ans, du moins l'essentiel d'une vie
prend ses bases dans le milieu familial. Ce sont les parents qui sont
les premiers éducateurs. Si la société pense à former les éducateurs,
elle ne pense pas à former les parents, alors que ce sont les plus
importants à former.
Trop de bébés, trop de très jeunes enfants font les frais des
comportements stupides de leurs parents. Apprenant mal, les enfants
reproduisent des schémas absurdes et s'engagent dans une spirale
d'inadaptation, dont il feront les frais à l'école et pendant leur
adolescence. Plus tard, ils reproduiront ces schémas sur leur propres
enfants.
Il y a donc nécessité de briser ce terrible enchaînement.
Il est un moment privilégié où les parents peuvent être à l'écoute des
conseils d'éducation. C'est au moment des derniers mois de la grossesse
et au moment des premiers mois du bébés. C'est là que l'on pourra
expliquer à un père qu'un bébé ne sait rien de la vie et qu'il ne
pleure pas sans raison ; qu'un jeune enfant ne sait pas distinguer ce
qui est bien de ce qui est mal et que cette distinction ne se fait que
progressivement ; que l'éveil de l'enfant se fait dans la relation
confiante…
C'est aux environs de l'accouchement que les parents seront le plus
réceptifs. C'est là seulement que l'on pourra faire comprendre à un
père que sa présence et sa patience sont essentiels. Alors, plus tard,
les instituteurs auront sans doute plus de contacts avec les parents,
les enfants se sentiront mieux encadrés.
Alors, pourquoi ne pas financer les maternités pour que les cours
d'accouchement soient les meilleurs cours de préparation au métier de
parents, en incitant les pères à assister à ces cours.
Alors, pourquoi ne pas faire comme les anglais, en faisant accompagner
la jeune accouchée chez elle par une assistante maternelle qui aiderait
les parents à prendre dès les premiers jours les bons réflexes vis à
vis des bébés, et dont les visites seraient suffisamment fréquentes
pour éviter les dérives comportementales, et éventuellement repérer les
cas de détresse familiale, avec lesquels la société dite de progrès
doit se sentir solidaire.
Certains vont même plus loin et considèrent que l'enfant se construit
au premier désir des parents, au premier regard de la construction du
couple. C'est alors aux adolescents qu'il faut apprendre que le cycle
de la vie n'est pas seulement biologique, mais encore affectif.