qui s’élève, dominant peu à peu la plus belle baie du monde, celle de
Marseille - l’avez-vous vue, cette baie, depuis la Gineste, du coeur
même de Marseille, en montant à la Bonne-Mère, en revenant du
Chateau d’If, depuis Callelongue, depuis l’Airbus qui vous atterrit à
Marignane, du haut du paquebot qui vous débarque de Corse! ou
d’Agérie, ou par derrière, depuis le Col Sainte-Anne ou depuis le
Garlaban ? Marseillais, vous avez un trésor, ne le perdez pas. Jetez à la
mer ces hideux hangars de béton et cette voirie qui souillent le parvis
de la Major, implosez quelques tours, et roulez ... en vélo électrique.
Vous garderez votre trésor et la tête haute -
- Oh ! Ca va pas,non !
Le rêve se termina par deux embardées. L’une de Manach qui
s’engageait machinalement dans un carrefour, l’autre d’un couillon
d’automobiliste en avance d’un pastis et en retard d’un repas. Un peu
d’effroi des deux cotés, sans plus. La route et la rue ne sont plus ce
qu’elles étaient, faciles à partager, insouciantes, dialoguoilleuses -
dialogantes ou orgueilleuses, non: gouailleuses - On a bien chercher à
parquer les footingeurs dans les stades, les industrieux dans les zones
industrielles, les gens peu huppés dans les ZUP, les acheteurs aux
hypermarchés, mais rien à faire, le footing ne veut pas tourner en rond,
les techniciens veulent courir, les acheteurs veulent faire des courses,
alors, il faut bien partager, les pneus et les pieds sur le même bitume.
Les trottoirs, ah oui ! les trottoirs, pas faits pour les chiens ! Essayez
donc, vous, de courir sur un trottoir...Pas fait pour les chiens ? Non,
faits pour les crottes, les poteaux - c’est fou le nombre de poteaux - les
sucettes de pub, les tables de cafés, les arbres, quelques vélos rescapés
et enchainés et évidemment bien sûr les voitures, celles qui
stationnent, celles qui livrent, celles qui sortent du garage et les
poteaux, encore les poteaux, ceux qui veulent empêcher les voitures de
monter sur les trottoirs et les gens d’y marcher. On en recausera.