Les jeunes eurent même droit à un poisson-lune, à la visite d'une bande de dauphins et en prime à voir
au loin le jet d'une baleine. Ce n'était pas une galéjade, les naturalistes savent bien que des baleines
bleues, qui peuvent atteindre 20!mètres, viennent souvent chasser au bord de la fosse marine qui s'enfonce
au large des côtes du Var. Pour égayer l'excursion, Gravetou raconta aux jeunes la légende biblique de
Jonas qui passa trois jours dans le ventre d'une baleine avent d'être rejeté sur le rivage. Cette légende
pourrait avoir un fondement, car il est arrivé qu'un homme soit avalé par une baleine, puis recraché,
sans doute parce qu'il n'était pas au goût du cétacé, qui ne se nourrit que de krill ou de petites proies.
Au retour, le jeu consistait à guetter un point blanc qui apparaîtrait en premier pour
signaler le cap Canaille, à manipuler la clepsydre qui servirait à mesurer le temps de
retour et à se servir du loch pour apprécier la vitesse. La Grèce antique allait revivre à la
Ciotat !
Ce fut un petit jeune de 7 ans qui cria le premier "J'l'ai vu!! J'l'ai vu!!". Le point blanc en
haut du cap commençait à se voir à chaque fois que la vedette montait avec la houle.
Alors, on déclencha la clepsydre et à dérouler le loch. En même temps, les téléphones se
firent la vidéo de la terre à l'horizon, de la clepsydre qui gouttait, et du loch qui se
dévidait.
A un moment du retour, l'un des écoliers signala un point qui brillait à peu près aux 2/3 de la hauteur
de la falaise.
Il y avait là un mystère parce que la falaise était inaccessible. Il y a bien de temps en temps des grimpeurs
de l'extrême qui venait se faire des passages de 7 et 8. En escalade, les passages sont notés selon leur
difficulté, de la cote 3 où l'escalade était encore facile à la cote 5 pour les grimpeurs aguerris, à la cote 7
ou 8 pour les professionnels qui passent leur vie à s'entraîner, suspendus à un doigt dans leur garage, ou
recherchant le passage qui les rendrait célèbres dans le petit monde qui s'accroche aux parois. Au niveau
du Sémaphore, les grimpeurs ont le choix entre une dizaine de voies très difficiles.
Et le point qui brille, est-ce un grimpeur qui déploie je ne sais quoi de réfléchissant ? et puis le point
brillant disparut. La vedette s'approche de la falaise. On sort les jumelles, on scrute. Et non, il n'y a
aucun grimpeur en cette fin d'après-midi.
Le mystère restera entier !
A l'arrivée au port, les parents retrouvèrent de jeunes enthousiastes qui purent leur parler
de la Terre qui était ronde, des baleines qui soufflaient, du poisson lune, des dauphins, de
la vitesse du bateau, de l'est et de l'ouest et des horloges des grecs.
On ne parla pas encore du rayon vert, parce que les chances de le voir étaient faibles et
que l'on ne voulait donner un faux espoir à ces jeunes. Il serait temps de leur faire lire
Jules Verne, après... En attendant, les promoteurs de l'idée parlaient du dernier rayon du
soleil. L'essentiel était que le dernier rayon soit perçu à une ou deux secondes près.
Ce fut l'occasion pour le prof de maths de faire un cours d'astronomie appliquée et des
mathématiques qui vont avec, sans oublier le difficile concept de tautologie et les