L'information libre est celle qui parle des espaces de liberté!

 

Résumé: L'art gratuit (celui qui n'est pas et ne sera pas récupéré par les marchands) peut-il conduire à maintenir en vie l'information libre (celle qui ne doit pas être récupérée par les marchands)?

 

 

La communication, au sens moderne où on l'entend dans l'expression "métiers de communication", remplace peu à peu l'information. Ce n'est plus tant la connaissance des faits que l'on achète en achetant le journal, que le journal lui-même, qu'il soit de papier ou de télévision. L'évolution technologique autant que socio-économique ont conduit à une dérive où la communication devient la victime des marchands. Ce sont les puissances financières qui achètent et vendent l'outil de production de l'information en fonction de sa rentabilité et non plus de sa qualité. Dans cet univers spéculatif il devient difficile de dire que le citoyen a la presse qu'il mérite. Il n'a plus que les informations qu'on veut bien lui proposer, celles qui aguichent, celles qui suivent la mode.

Suivre la mode, le mécanisme est visible: un flot de dépêches issues de deux ou trois sources monopolistiques, la sélection que l'on guette sur deux ou trois radios phares, la consécration télévisuelle et la reprise par le choeur des médias.

Aguicher, la méthode est simple: beaucoup d'émotion;  à défaut d'image, le commentaire s'en charge; peu d'intelligence, la tâche est trop ardue pour le journaliste et peu attirante pour le lecteur, dans un monde de fast food où il faut faire vite tant pour concevoir l'information que pour la recevoir et la digérer.

Devrait-on parler du "droit des faits" comme on parle des droits de la personne: Un fait a droit d'être connu, diffusé. C'est un abus de pouvoir que de restreindre sa liberté de circulation. (Combien de pouvoirs se sont batis sur le silence des faits?)

 

Peut-on alors parler de l'égalité ou de la "hiérarchie morale" des faits devant l'information quand le fait n'est plus objet de connaissance mais outil de profit, utilisé uniquement s'il est rentable, et jeté après usure. Le fait existe s'il est porteur et s'il est nouveau. Conjugué à sa valeur marchande, le fait n'est pas libre.

Ce lien économique joue à double sens. D'un coté, le fait se répandra si l'intérêt supposé du plus grand nombre est fort. De l'autre coté, l'intérêt du plus grand nombre a tendance à se tourner vers des objets qui ont une valeur marchande. Ainsi s'installe peu à peu un cercle vicieux où l'on a un intérêt mercantile à s'intéresser aux choses qui ont de l'intérêt mercantile, en oubliant le reste.

 

La solution est dans ce reste: la liberté de l'information passe par la sauvegarde des espaces de liberté qui resteront toujours en dehors des valeurs marchandes. Pourquoi ne pas promouvoir la recherche de ceux-ci. On peut en trouver dans la pratique quotidienne de l'art, peintres ou poètes du dimanche, dans le sentier des vacances, dans les engagements philosophiques, dans la vie associative, dans les contre-pouvoirs. Ces espaces de liberté ne doivent rien à personne. Ils existent en dehors au-delà de la loi économique. Ce sont eux qui peuvent servir de référence morale. L'information sur ces espaces de liberté se pose comme un rempart face à la communication victime des marchands.  Apprenons à la reconnaître : L'information libre se reconnait à ceci qu'elle parle des espaces de liberté.•